Figure de la patience, l’eau a creusé certaines vallées abruptes dans la molasse du Plateau suisse comme, tout près d’Yvonand, le vallon des Vaux. Ce nom est un pléonasme. Vaux en effet ne signifie pas l’animal, mais tout simplement la vallée ou les vallées. Le relief de monts et vallées qui constitue notre pays est l’occasion de prouesses techniques, qu’elles soient actuelles (le pont de l’autoroute sur Yvonand) ou anciennes (l’habitat troglodyte du vallon des Vaux, la Tour-de-Saint-Martin, le pont du Covet), autant de curiosités que nous allons rencontrer sur notre itinéraire. Nous visiterons également deux sanctuaires réformés, les temples de Chêne-Pâquier et de Chavannes-le-Chêne (carte).
Le village d’Yvonand (434 m) se trouve dans une large cuvette, qui est un ancien golfe du lac de Neuchâtel comblé par les alluvions de la Menthue. Cette rivière provient du Jorat, en dessus de Lausanne. Nous la suivons sur un petit kilomètre, avant de bifurquer pour l’itinéraire du vallon des Vaux, lequel commence après le pont de l’autoroute, placé mètres en dessus de nos têtes !
Le vallon des Vaux est boisé et rocheux, à tel point que les chamois y ont élu domicile. Lors de notre repérage, nous en avons vu à deux endroits, ainsi qu’à la Roche-de-la-Baume. C’est une merveille de goûter à la fraîcheur de ce vallon durant les journées de grosse chaleur.
Le vallon se divise bientôt en deux. A gauche, il y a le ruisseau des Vaux proprement dit, qui ne contient pas de sentier. Des fouilles ont révélé un habitat ancien (occupation dès le Néolithique), situé sur les replats rocheux des falaises de sa rive droite. Inutile de jouer aux archéologues : l’accès au site est très dangereux. Nous nous engageons dans le vallon de droite, celui du Flonzel, puis nous quittons le ruisseau pour monter en direction de la Tour-de-Saint-Martin.
La Tour-de-Saint-Martin (610 m environ) se dresse cent mètres plus haut que le confluent des ravins du Flonzel et des Vaux. Les seigneurs qui ont construit la forteresse et le bourg ont profité de la dimension protectrice du relief. Il est possible de visiter la tour et de contempler le magnifique panorama à son sommet. Dans le bourg, il y avait au Moyen Age une église dédiée à Saint-Martin. Les réformés continuèrent à y célébrer le culte, avant que ne soit construit le temple de Chêne-Pâquier en 1667.
Le village tout proche de Chêne-Pâquier (637 m) est célèbre pour son temple ovale. Construction elliptique, typique de l’architecture réformée, l’édifice renonce à la division classique entre le chœur et la nef, qui reflète la distinction catholique entre le clergé et les laïcs. Les regards se concentrent sur la chaire et la lecture de la Parole de Dieu, adressée à tous. Chêne-Pâquier est la première église du pays de Vaud construite selon les principes théologiques de la Réforme.
Moins impressionnant que le pont autoroutier, le pont du Covet (606 m) n’est pas sans mérite. Il enjambe le vallon des Vaux d’une hauteur appréciable. Le pont en pierre date du XVIIIe siècle. A côté se trouvait un moulin.
L’itinéraire balisé passe en dessous du village de Chavannes-le-Chêne (660 m). Un petit crochet permet de visiter son antique église médiévale avec clocher-arcade (ou clocher à peigne), ornement courant dans l’architecture du sud de la France ou de la péninsule ibérique. L’édifice dédié à sainte Marie-Madeleine est cité en 1320. Le chœur actuel remonterait au XVe siècle, mais la nef est romane. Nous revenons à l’itinéraire balisé par la route d’Yvonand et le chemin du Laviau.
L’itinéraire balisé longe la crête de l’abri sous-roche. Il traverse ensuite le village de Rovray avant d’entamer la descente sur Yvonand. Un supplément d’une demi-heure pour la Roche-de-la-Baume permet de visiter la « grotte des faux-monnayeurs », où la vue donne sur Yvonand, le lac et le Jura. Ce nom ne provient pas de l’imagination fertile d’un romancier. L’archéologie a prouvé qu'au XIVe siècle, des faux-monnayeurs s’étaient retirés à la falaise de la Baume pour produire leurs pièces sonnantes et trébuchantes. Les siècles passés n’étaient pas plus moraux que les nôtres !
Informations pratiques
Transports publics : train régional Fribourg-Yverdon, arrêt à Yvonand.
Parking : à l’entrée de la route menant au vallon des Vaux.
Distance : 13,5 km avec la visite de la Tour-de-St-Martin et des temples de Chêne-Pâquier et Chavannes-le-Chêne.
Durée : 3h45.
Note. Le parcours est réduit d’une demi-heure environ pour les automobilistes qui ont déposé leur véhicule à l’entrée du vallon des Vaux. Au retour à Yvonand, pour rejoindre le parking, il faut tourner à gauche à la route de Rovray puis prendre le chemin de l’Etroit.