La chapelle du Niremont

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Il y a quelques semaines, nous avions proposé un itinéraire aller-retour à la découverte de la chapelle de la Verguena en dessus de Vaulruz. Aujourd’hui, notre parcours sera un peu semblable : c’est un aller-retour depuis le village de Semsales jusqu’à la chapelle du Niremont, belvédère dominant la plaine, sur le chemin des alpages. Voici un itinéraire agréable pour un après-midi d’automne (carte).

Notre première visite sera pour l’église paroissiale de Semsales, en face de la gare (860 m). Le sanctuaire a été consacré par l’évêque du diocèse Mgr Besson en 1926. C’est la première église due à l’architecte Fernand Dumas, qui en a construit beaucoup d’autres durant l’entre-deux-guerres en Suisse romande, avec les artistes du Groupe Saint-Luc. Cette école d’art voulait retrouver la dynamique ancienne de la construction et de l’aménagement des églises, au-delà d’une architecture néoromane et néogothique qui reproduisait des formes médiévales de manière mécanique et stéréotypée.

Dédiée à saint Nicolas de Myre, l’église de Semsales est célèbre pour son aménagement. De nombreux artistes y ont œuvré. Parmi eux se trouve Gino Severini (1883-1966), qui a représenté notamment la crucifixion sur le porche à l’extérieur et la Trinité dans le chœur. Cette Trinité a fait couler beaucoup d’encre. Rome voulait même la faire disparaître, car elle ne correspondait pas à la manière orthodoxe de représenter la Trinité. En effet, l’artiste a donné aux Trois Personnes divines des figures humaines. Pour le Fils, il n’y avait pas de problème puisque le Verbe s’est fait chair. Le Père, cela allait encore car on pouvait invoquer une vision de l’Ancien Testament allant en ce sens, mais la représentation du Saint-Esprit comme un homme laissait entendre qu’il s’était incarné, comme le Fils ! Le futur cardinal Journet se démena pour préserver l’ouvrage de son ami Gino Severini. Au final, l’œuvre fut sauvée.

Ce n’est pas pour rien que l’église de Semsales est dédiée à saint Nicolas de Myre. En effet, Nicolas de Myre était très vénéré par les chanoines du Grand-Saint-Bernard, qui détenaient la seigneurie de Semsales où ils avaient établi un petit prieuré. Telle est la raison pour laquelle le curé de Semsales porte le titre de prieur. Les chanoines du Grand-Saint-Bernard possédaient aussi les alpages dominant le village. Des particuliers acquirent ensuite des droits, mais il exista très longtemps une redevance en faveur du prieuré. C’était « l’onciège », une sorte d’impôt consistant en produits de l’alpage. Cette redevance ne disparut que durant la deuxième moitié du XIXe siècle.

Nous suivons l’itinéraire balisé en direction de la chapelle du Niremont, en traversant tout le grand village de Semsales. A la sortie, nous restons sur la rive gauche du torrent La Mortivue. Nous voyons de l’autre côté un petit sanctuaire. C’est l’oratoire marial de la Cierne, établi en 1955.

Le parcours balisé longe les villas de Pra-Roud puis il tourne à gauche. Au lieu du chemin on pourra prendre un sentier parallèle. C’est le début du « sentier du Traîna-Manchou », qui ensuite se confond avec notre itinéraire jusqu’au sommet de la forêt. Les Traîna-Manchou est le sobriquet des habitants de Semsales (= ceux qui tirent la luge pour le bois, en hiver). Ce sentier thématique, dont les postes nécessitent une restauration, présente les différentes essences forestières.

Semsales se trouve à 860 m environ (gare). Le bas de la forêt est à 1000 m. Nous avons donc effectué une certaine montée déjà. Il s’agira de grimper environ cent cinquante mètres dans la forêt avant de déboucher dans la zone des alpages, celui de la Moille Vieille en l’occurrence. La chapelle du Niremont se trouve à 1192 m, sur un belvédère. On l’atteint par un chemin à flanc de coteau ou bien en montant directement depuis le bas de l’alpage.



Appelé chapelle du Niremont en raison de la sommité de ce nom, le sanctuaire remonte à la fin des années 1860. La chapelle servit d’écrin à une statue baroque de Marie, due au sculpteur Jean-François Reyff de Fribourg, qui n’avait plus d’affectation dans l’église et qu’on avait entre-temps placée à l’air du temps dans un oratoire sur un tronc à l’alpage des Prévondes. Le curé-prieur Conus de Semsales fut l’âme de la construction. La chapelle est inaugurée en 1869. Aujourd’hui, la statue de Marie a été changée, mais l’endroit reste cher au cœur de nombreux promeneurs. On voit également des ex-voto derrière la grille.

Depuis la chapelle du Niremont, le promeneur bénéficie d’un excellent panorama. On distingue les montagnes du Chablais, le lac Léman et les collines des cantons de Vaud et de Fribourg.

Il est temps de rebrousser chemin. Les promeneurs qui auraient envie de prolonger leur balade peuvent sans autre continuer pour le Niremont et traverser la tourbière sommitale en direction de la Goille-au-Cerf et redescendre du côté des Alpettes. L’itinéraire balisé est, bien sûr, beaucoup plus long. Il y a aussi divers « sentiers des armaillis » récemment développés pour mettre en valeur le patrimoine alpestre de la commune de Semsales.

Informations pratiques

Transports publics : depuis Bulle, train Bulle-Palézieux, arrêt à Semsales.

Parking : en face de l’ancien clocher. Il y a aussi un parc tout en haut de Semsales, peu après le départ du sentier du Traîna-Manchou.

Distance : 4,9 km.

Durée : 1h45.